Tiers de dinar en or du règne d’Umar II (100 de l’hégire, 718-719).Avers : « Il n’y a de dieu que Dieu. »Revers : « Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. »Légende marginale de l’avers : « Mohamed est le prophète d’Allah, Il l’a envoyé avec la bonne direction et la vraie religion. »Légende marginale du revers : « Ce tiers de dinar a été frappé en l’an 100. » Lors des fouilles sous-marines en baie d’Aboukir, deux monnaies d’or umayyades et une abbasside, en arabe dinar, furent découvertes dans un ensemble de pièces d’or byzantines. Ces trois monnaies remontent à la seconde phase du monnayage islamique, après la réforme monétaire imposée par le calife Abd al-Malik en 77 de l’Hégire, 696 de notre ère, qui fut peut-être le premier essai d’unification de son empire par la monnaie. Ces monnaies ne portent aucun nom, et les légendes qui ornent les avers et les revers sont purement religieuses, hormis la date. En effet, le monnayage d’or sous les califes umayyades et les premiers califes abbassides était anonyme. Ce n’est que tardivement que des gouverneurs introduisirent leurs noms, d’abord sur certains cuivres puis sur leurs dirhams; quant aux titres califiens, ils ne furent introduits sur les monnaies que sous les Abbassides. Les dates qui apparaissent dans les légendes marginales nous permettent parfois d’attribuer ces monnaies à un règne de calife. Ainsi, la plus ancienne des deux monnaies umayyades, un tiers de dinar daté de l’an 100 de l’Hégire, peut être attribuée au règne du calife Umar (99-101 AH, 717-720) et la seconde, un dinar daté 111 AH, à celui du calife Hisham (105-125 AH, 724-743). Walker relève que le dinar umayyade correspondrait au solidus byzantin et ses fractions, demis et tiers, réciproquement aux semissis et Cat. 65 tremissis. Contrairement aux monnaies d’argent (dirham), ils ne portaient généralement pas de mention d’atelier et furent probablement émis à Damas, capitale du califat, d’autant plus que la frappe de l’or relevait du droit régalien de sikka, frappe de la monnaie en arabe. Le dinar abbasside, quant à lui, date de l’année 169 AH. Sans nom d’atelier, il a peut-être été émis à Bagdad. L’avers de ces trois monnaies est identique et est inscrit de la kalima, affirmation de l’unicité de Dieu : « Il n’y a de dieu que Dieu, Il est unique, Il n’a pas d’associé. » Dans les marges de l’avers, nous pouvons lire la « mission prophétique » ou second symbole, extrait de la sourate IX, 33 du Coran. Elle rappelle la place primordiale de Mohamed dans l’islam, son rôle dans la révélation et la primauté de l’islam sur les autres religions : « Mohamed est le prophète d’Allah, Il l’a envoyé avec la bonne direction et la vraie religion pour la faire triompher sur toutes les autres. » Néanmoins, les revers divergent. Les légendes des champs du revers du dinar daté 111 AH constituent ce que l’on appelle le symbole umayyade : « Dieu est unique, Dieu est éternel, Il n’a pas engendré et Il n’a pas été engendré », qui se compose de la presque totalité de la sourate el-Ikhlas (CXII, 1-3), une des sourates les plus courtes du Coran, et que l’on retrouve sur tous les dinars et dirhams umayyades à l’exception des dinars et fractions de dinars frappés en el-Andalus et en Ifriqiya avant 108 AH, qui portent la formule « Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ». Nous retrouvons cette dernière formule sur le dinar daté de 100 AH. Enfin, le dinar abbasside porte au revers la légende « Mohamed est le prophète d’Allah », encore désignée comme la seconde partie de la kalima. L’écriture utilisée sur ces monnaies est le coufique, écriture carrée et anguleuse, elle aussi réformée sous le règne d’Abd al-Malik, et qui ne comporte aucun point diacritique. Les dinars umayyades et abbassides étaient toujours frappés avec beaucoup de soin, et sont généralement bien conservés. La réforme d’Abd al-Malik instaurait un poids légal pour les dinars d’un mithqal, soit environ 4, 25 g, poids qui devint le standard pour les monnaies des dynasties suivantes. Il est certain que l’or et l’argent circulaient en Égypte avant et après la conquête arabe, l’or frappé étant le seul numéraire accepté pour le paiement des impôts. Pourtant, l’ensemble des découvertes monétaires de l’Égypte umayyade et abbasside concerne uniquement les monnaies de cuivre, dont le sous-sol de Fustat semble très riche, et qui étaient émises essentiellement à Fustat et à Alexandrie, mais aussi dans le Fayoum et à Atrib (aujourd’hui Benha). Aucune trouvaille de dinars prétulunides n’a, à notre connaissance, été publiée pour l’Égypte. En effet, si les collections égyptiennes sont riches en dinars umayyades et abbassides, leur provenance est toujours inconnue : il s’agit sûrement de monnaies trouvées en Égypte, mais dont le lieu de trouvaille et le contexte ne nous sont pas parvenus. En revanche, la Syrie, lieu de frappe de dinars umayyades, ainsi que l’Irak et le sud-est de la Turquie sont riches en trouvailles de ces dinars. Ces trois monnaies, relativement communes, permettent de lier la circulation des premiers dinars à celle des monnaies d’or byzantines, et au contexte profondément chrétien de l’Égypte des premières années de la conquête arabe.Cécile Bresc in Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p.36 avec bibliographie