Boucle d’oreille en forme de croissant percé en filigrane et entouré d’un fil en perles d’or, fixé à un anneau portant une fermeture à crochet et oeillet. Le filigrane montre un cantharus dans lequel poussent des tiges en vrilles. Quelques gravures couvrent le cantharus et les feuilles des vrilles. L’anneau est légèrement déformé et le fil en perles d’or abrasé. Avec près de deux cents exemples de boucles d’oreilles retrouvées, ce type de bijou semble avoir été très populaire à l’époque byzantine. Seules quatre d’entre elles montrent un cantharus avec des vrilles : celle-ci, une paire dans la collection Reber et une à New York. Les cantharus dessinés sur ces boucles pourraient - mais pas nécessairement - avoir une connotation symbolique.Comme ces exemples fournissent trop peu d’informations pour une évaluation, il faut étudier cette boucle d’oreille dans un contexte plus large. Des boucles similaires, mais décorées différemment, ont été trouvées à Mersin en Cilicie, à Keszthely-Fenékpuszta en Hongrie, ainsi qu’à Linz- Zizlau en Autriche et à Steinhöring en Bavière. Le trésor de Mersin a dû être enterré à l’occasion d’une invasion arabe en Cilicie vers 640 ; la tombe de Keszthely-Fenékpuszta doit remonter au VIe siècle, les tombes à Linz-Zizlau et Steinhöring au VIIe siècle. Ces précisions nous fournissent une date approximative pour les boucles d’oreilles en forme de croissant des VIe et VIIe siècles, par ailleurs confirmée par deux boucles d’oreilles de ce type portant un monogramme non utilisé avant les années 530. La boucle d’oreille de Canope Est devrait donc aussi remonter au VIe ou VIIe siècle.Cependant, la monnaie la plus récente trouvée à Canope Est date de la période umayyade et comme on connaît peu de bijoux de cette période à ce jour, il est acceptable d’élargir la période de fabrication de ces bijoux jusqu’au début du VIIIe siècle. On a comparé la boucle d’oreille de Canope à celles de Mersin, de Keszthely-Fenékpuszta, de Linz-Zizlau et de Steinhöring. D’autres furent trouvées sur différents sites de l’Empire byzantin et même au-delà de ses frontières. Cette dispersion géographique indique que ces bijoux en croissant filigrané étaient une mode interrégionale, ayant commencé à Constantinople. La boucle de Canope Est a donc pu être fabriquée à Constantinople ou dans un atelier local sous influence byzantine. Cet atelier a pu se trouver n’importe où dans l’Empire, y compris en Égypte.Yvonne Stolz in Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p.183 avec bibliographie