La tête de ce sphinx est cassée au niveau du pan gauche du némès en diagonale jusqu’à l’extrémité du pan droit. Un grand soin a été apporté aux traits du visage. En particulier, les oreilles sont traitées de manière naturaliste. Les yeux, dotés de paupières aplanies, n’ont pas l’expression de surprise de la plupart des autres sphinx. Le nez est cassé au niveau des narines, lesquelles étaient à l’origine légèrement évasées. La bouche est soulignée par des commissures bien marquées; le menton, arrondi, est soigneusement dessiné. En dessous se devine le modelage des muscles du corps.Emma Libonati Malgré le respect des canons traditionnels, cette approche moins rigide, plus plastique, permet de voir des ressemblances avec les effigies royales de style égyptien d’époque ptolémaïque. Ce sont des traits que nous observons sur le portrait de Ptolémée II à Strasbourg et sur la statue du Vatican. La ressemblance est aussi évidente avec la tête de Turin attribuée au même souverain. Mais notre effigie royale doit surtout être rapprochée de la série de sphinx de Saqqarah aujourd’hui au Louvre et au Musée de Vienne et de celle du Serapeum d’Alexandrie, datées du début de la période ptolémaïque. Une tête de sphinx trouvée à Canope par E. Breccia et actuellement au Musée gréco-romain d’Alexandrie présente un visage plus joufflu et devrait être datée des règnes de Ptolémée V ou VI. Il semble alors possible d’attribuer cette sculpture à l’un des premiers Ptolémées.Zolt Kiss in Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p. 99 avec bibliographie