À proximité de deux sphinx fut trouvée une jarre ovoïde en marbre blanc, pleine, brisée en son sommet, aux parois décorées en relief, fortement effacées. Non loin de là, auprès du calathos de la grande tête de Sérapis (cat. 5), fut exhumé le sommet manquant de cette jarre, en forme de tête masculine coiffée du némès. La connexion des deux éléments permit d’y reconnaître le type iconographique d’« Osiris Canôpos », de par son origine géographique, ou « Osiris Hydreios », de par ses attributions.La tête aux traits réguliers est en effet coiffée de la perruque tripartite à bandes délimitées par des incisions. Au sommet de la tête, un trou rond servait à la fixation d’un élément supplémentaire ; une légère bosse sous le menton est vraisemblablement le reste de la barbe postiche. À noter l’absence de l’uræus généralement dressé sur le front de ces types de figures (vase de Ras el-Soda, Musée gréco-romain d’Alexandrie ; vase du petit Serapeum de Louqsor ; Osiris Canôpos d’Amsterdam ou du Louvre).Cet Osiris-Canope appartient à un type connu, caractérisé par la décoration de la panse d’une scène religieuse. Malgré le mauvais état de la surface, la comparaison avec l’exemplaire de Ras el-Soda permet de « lire » la scène en relief. Au milieu, un scarabée tient levé le disque solaire encadré de deux uræi. Il est placé sur une barque de roseaux dont on discerne, à droite, la proue constituée de trois fagots. Plus loin à droite, au même niveau, un cynocéphale (homme à tête de singe), la tête surmontée du disque solaire, est accroupi sur un socle. Au-dessus, les têtes dressées des uræi soutiennent un naos rectangulaire renfermant, sur l’exemplaire de Ras el-Soda, deux cynocéphales accroupis se faisant face. Aux angles supérieurs du naos sont posés deux faucons se faisant face. Le collier ousekh, généralement suspendu au cou du dieu, est ici invisible. Néanmoins, la protubérance au milieu du col pourrait correspondre à une amulette en forme de coeur, d’après les exemplaires du Louvre et de Leyde.De part et d’autre du naos se distinguent deux paires de personnages nus, de proportions enfantines. À gauche, le premier personnage est présenté le corps de face, y compris les épaules, tandis que les jambes, les bras et la tête sont de profil, en accord avec les traditions du bas-relief pharaonique. Le rendu du corps tout en rondeurs est classique. L’enfant est représenté avançant vers le naos, le pied droit sur la proue de la barque supportant le scarabée. Son bras droit pend le long du corps, son bras gauche est plié au coude et levé. L’enfant touche de son index gauche sa bouche. Les traits du visage sont effacés, mais on devine nettement à l’arrière de la tête une épaisse « mèche de l’enfance » s’incurvant sur l’épaule. Le second personnage de gauche, également nu, est représenté suivant la même convention, à la différence que le bras gauche est tendu en avant. Si l’identification du premier personnage ne pose aucun problème - Harpocrate -, le second, peut-être légèrement plus svelte, ne présente aucun trait caractéristique. À droite du naos, la scène, fortement émoussée, semble se développer en symétrie de la précédente.Le schéma général de la composition concorde parfaitement avec celui des images connues d’Osiris Canôpos. Ce type de figuration comporte effectivement deux effigies identiques d’Harpocrate de part et d’autre du naos. Derrière les dieux enfants se tenaient Isis à droite et Nephthys à gauche (Osiris-Canope de Ras el-Soda) ou Isis dédoublée (Osiris-Canope d’Amsterdam). Sur la sculpture de Canope Est, rien ne permet de dire qu’il s’agit des deux déesses. Quoi qu’il en soit, ce type d’images d’Osiris Canope n’apparaît pas avant le Ier siècle de notre ère, pour devenir particulièrement populaire au IIe siècle.Zolt Kiss in Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p.78 avec bibliographie