Comme le site de Canope Est, celui d’Héracléion a fourni une quantité notable de fragments de sphinx. Pour un cas, il a été possible d’attribuer à la même sculpture un avanttrain, un arrière-train et une tête. Le résultat obtenu est une belle pièce en granite noir. Le lion à tête humaine, coiffée du némès surmonté de luræus, se présente dans sa pose traditionnelle : les pattes avant à plat, les pattes arrière repliées, la queue s’enroulant sur la cuisse droite. Le visage est ovale, lisse et impersonnel ; les lèvres pleines, soigneusement modelées. Les yeux en amande sont surmontés d’arcades sourcilières fines, proches du nez anguleux. L’absence d’inscription rend l’identification du souverain difficile.La forme du némès, l’agencement des pans ainsi que la forme de luræus permettent de rapprocher cette sculpture des sphinx du Serapeum de Saqqarah, attribués à Nectanébo Ier. Néanmoins, de nombreux savants les datent avec prudence de la ; e dynastie, voire de l’époque ptolémaïque : les premiers Lagides ont largement imité les statues des pharaons indigènes. Malgré son caractère conventionnel, le rendu des traits du visage rappelle la tête de la statue en calcaire de Nectanébo Ier conservée au Musée du Caire. Les ressemblances physionomiques et stylistiques semblent plus nettes encore avec une tête en grès du musée des Beaux-Arts de Lyon attribuée à Nectanébo II.Zsolt Kiss, dans Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p. 30, avec bibliographie