Sphinx en granite gris couché sur un socle extrêmement plat et dont les rebords suivent de très près les contours inférieurs de la sculpture, comme si les angles avaient été rognés ou comme si le bloc original imposait une telle « économie ». Cette réduction inesthétique du socle pourrait s’expliquer par son enchâssement dans un support plus important. La pose du sphinx est traditionnelle : les pattes antérieures avancées, les puissantes pattes postérieures ramassées sous le ventre. Les doigts et les griffes sont bien dessinés. Le poitrail est étendu, le ventre creusé. Le départ de la queue est marqué par un renflement. La tête est coiffée du némès dont les deux pans retombent sur les côtés du poitrail. En arrière sur le dos repose la natte épaisse de la coiffe pharaonique. Sur le devant du némès plastronne l’uræus royal. Le visage est allongé, le menton pointu. Les oreilles, à peine décollées, ne reposent pas sur les pans du némès. Le nez est allongé et fin, les yeux grands et bordés des deux bourrelets des paupières. Les cheveux semblent dépasser de sous le bandeau. Le traitement du visage caractérise les effigies royales mêlant le canon pharaonique au portrait hellénistique. Ce style mixte des représentations des souverains alexandrins n’est pas certifié avant Ptolémée VI. De plus, il semblerait que le traitement particulier de la coiffure soit caractéristique du portrait monétaire de Ptolémée XII Aulète Neos Dionysos. Le sphinx pourrait alors représenter l’effigie royale du père de Cléopâtre VII. Zolt Kiss dans Trésors engloutis d’Égypte, Le Seuil, Paris, 2006, avec bibliographie.