Le corps du personnage est conservé presque en entier sur cette sculpture en granite noir. La tête a disparu et les pieds sont brisés en dessous des mollets, enfin l’avant-bras et la main droite sont cassés. Les dimensions actuelles prouvent que le personnage était représenté grandeur nature. Toute la surface de la sculpture est usée, en particulier à partir des cuisses. Il est représenté suivant le schéma traditionnel : la jambe gauche avancée, le bras droit retombant le long du flanc, le bras gauche plié au coude, la main retenant sur le ventre les plis de la draperie, un long pilier dorsal rectangulaire dans l’axe de la sculpture. Une bande du manteau, marqué d’une série de plis proéminents obliques, part de l’épaule gauche à l’aisselle droite d’où descendent en oblique trois plis proéminents retenus par la main gauche serrée, aux doigts bien modelés. Un rendu similaire du « bandeau » schématique pourvu de plis obliques est observable sur une statue du Staatliche Museen de Berlin ou sur une statue du British Museum. Les jambes étaient soigneusement modelées. Un fin ressaut horizontal en haut des cuisses semble marquer le bas d’un pagne ou de la tunique. Le tissu retombant entre les jambes n’a plus aujourd’hui que l’aspect d’un pilier rectangulaire. Pourtant entre ce « pilier » et la jambe droite reculée sont sculptés en fort relief deux plis arqués.Nous retrouvons cet élément sur deux statues du Staatliche Museen de Berlin ou sur une autre de la Ny Carlsberg Glyptothek de Copenhague. Sur ces exemplaires, l’élément est divisé en carreaux réguliers, qui correspondent certainement à un mode conventionnel et schématique de représentation du manteau. À noter la présence à la naissance du cou d’un profond trou vertical cylindrique contenant encore du mortier. Cela prouve que la tête a été ajoutée. La surface ronde de la base du cou est horizontale mais très rugueuse autour du trou de fixation. Cette technique d’assemblage des éléments d’une sculpture était courante avec le marbre mais reste surprenante avec le granite. Il ne semble pas que cette solution fut choisie dès la réalisation de l’ouvrage. Il sagit plus vraisemblablement d’une réparation ou peut-être d’une usurpation. Il en ressort donc que la sculpture dut se dresser longtemps dans l’enceinte religieuse d’Héracléion et nous serions enclins à la dater du IIe siècle av. J.-C.Zsolt Kiss, dans Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p. 163, avec bibliographie