Sur le site d’Héracléion furent trouvées quelques effigies privées. La plus intéressante est incontestablement celle, fragmentaire, d’une statue votive masculine en granite noir. La tête a disparu ainsi que le bas du corps. La main droite est brisée au poignet et le coude du bras gauche replié présente une lacune. Les dimensions du morceau prouvent que la statue devait correspondre à la taille réelle d’un homme. Toute la surface est granuleuse et fortement corrodée. Nous sommes en présence d’un représentant de l’abondante catégorie des « statues drapées » recensées par R. S. Bianchi. Malgré l’usure de la pièce, on distingue au niveau du cou le rebord arqué de la nuque. La poitrine est barrée en oblique par trois plis épais du manteau descendant de l’épaule gauche vers la hanche droite. La main gauche retient les bords de l’étoffe tandis que le bras droit pend librement sur le côté. À l’arrière, dans l’axe du dos, devait passer un pilier de coupe rectangulaire.La composition est caractéristique de ce type de monument : l’exemplaire du Allard Pierson Museum d’Amsterdam, l’effigie de Pachom à l’Institute of Arts de Detroit, datée grâce à l’inscription vers 50 av. J.-C. Aussi serions-nous enclins à dater le fragment ici étudié du Ier siècle av. J.-C.Mais l’intérêt de cette sculpture réside dans le fait qu’elle porte trois inscriptions hiéroglyphiques sur la poitrine et sur le haut des deux bras du personnage. À noter que les inscriptions des exemplaires connus de cette catégorie de statues sont généralement placées sur le pilier dorsal : statue de Horos du Ägyptische Museum de Berlin, statue de Pachom. Toutefois, l’agencement des inscriptions sur le corps du personnage découle également de la tradition pharaonique et ce monument fournit un témoignage supplémentaire de l’osmose des deux traditions, grecque et égyptienne, dans ces effigies votives d’époque ptolémaïque.Zsolt Kiss, dans Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p. 164, avec bibliographie