Partie antérieure de la base d’une statue en granite noir aux noms de Mérenptah (env. 1213-1204 av. J.-C.). Écornure secondaire à l’angle A-B-E ; corrosion assez poussée par endroits. Ce bloc taillé en parallélépipède représente à peu près le quart de la base d’une statue de personnage masculin figuré en marche. L’absence du reste empêche d’en dire plus sur le type de cette effigie ramesside. Sur la face antérieure (D), de part et d’autre de l’axe, les deux cartouches du roi Mérenptah, posés sur l’idéogramme signifiant l’or et surmonté du signe du ciel. À droite, le prénom « Le seigneur des Deux Terres, Ba-en- Rê, aimé des dieux ». À gauche, le nom de naissance « le seigneur des couronnes, Mérenptah qui est en paix selon Maât ». De part et d’autre de ce panneau central, partent deux titulatures, écrites horizontalement, qui se poursuivaient sur les faces latérales. Il n’en reste que le début, contenant le prénom introduit par « Que vive le Roi de Haute et Basse-Égypte, le seigneur des Deux Terres ». On notera la coexistence des deux variantes de ce prénom : en C « Ba-n-Rê (aimé d’)Amon » ; et en B « Ba-n-Rê (aimé de dieux) ». Sur le replat (A), un tableau rectangulaire surmonté par le ciel renfermait, disposés en trois colonnes, les deux cartouches précédés des titres habituels faisant face à la titulature d’un dieu ; ici le roi est « (aimé de...) Ptah roi des dieux ». Le qualificatif courant d’Amon-Rê de Thèbes n’est que très rarement donné à Ptah de Memphis, il doit s’agir d’une forme ou idole particulière de celui-ci. D’ailleurs, de façon peu ordinaire, ce texte, au lieu d’être tourné, comme il en est normalement l’usage sur la base des statues royales, de manière à être lu par le spectateur, est tourné vers l’arrière de la statue. Il n’est pas inconcevable que la statue ait représenté non pas Mérenptah, mais une forme non momiforme de Ptah (Ptah-Tatenem? Ptah-Hâpy ?). Nous avons là un nouveau document à verser au corpus de la statuaire du règne de Mérenptah. La mention de Ptah suggère une provenance de Memphis où le fils de Ramsès II fut particulièrement actif, mais une autre origine, Héliopolis comprise, ne saurait être exclue. La provenance d’une autre statue exhumée récemment dans Alexandrie et inscrite aux noms de Mérenptah « aimé d’Osiris » n’est pareillement pas évidente, mais une origine héliopolitaine n’est pas non plus exclue. Un argument en ce sens : un colosse retrouvé à Canope parmi les pharaonica importés sur ce site gréco-romain, et qui rend le rapprochement significatif. Au total, fort peu de souvenirs de Mérenptah ont échoué dans l’Alexandrie antique, beaucoup moins que de Séthy Ier et de Ramsès II. Le pourcentage, comparé aux pourcentages des patrimoines monumentaux de son père et de son grand-père, correspond à la même proportion que dans l’ensemble de l’Égypte. Jean Yoyotte dans Trésors engloutis d’Égypte, Le Seuil, Paris, 2006, avec bibliographie.