Fragment de statue représentant un serpent enroulé, recueilli dans la zone centrale de la côte, vers la base de la péninsule (voir le plan du port antique p. 51). On distingue quatre anneaux superposés de coupe arrondie. Le second anneau en partant du bas est plus volumineux et se superpose partiellement au troisième. L’anneau inférieur est interrompu par une profonde encoche, probablement une détérioration accidentelle. Au centre de la pierre, une cavité est percée. Malgré l’état fragmentaire de la pièce, il est facile de reconnaître les circonvolutions d’un serpent lové dont la tête serait brisée. On ne trouve aucun exemple de ce type de sculptures dans la statuaire pharaonique. En revanche, dans la religion de l’Égypte gréco-romaine, un dieu serpent était vénéré : l’Agathodaïmon, le « Bon Génie », correspondant à l’entité divine égyptienne Shaï, « le destin », personnifié par un serpent. Chaque personne dans sa demeure, chaque ville du pays dans son temple vénérait un génie gardien responsable de son bonheur. L’Agathodaïmon d’Alexandrie, garant de la prospérité de la métropole et de ses habitants, y possédait un temple notoire à l’époque gréco-romaine. Les images de l’Agathodaïmon sont fort courantes dans le répertoire iconographique de style hellénistique durant cette période. On le voit sur des reliefs, enserrant de son corps enroulé un vase ou un autel. Sur les monnaies alexandrines des IIe-IIIe siècles de notre ère, le serpent enserre des fleurs de pavot, une massue (attribut d’Héraclès), une palme ou, plus souvent, un caducée (attribut d’Hermès). La cavité creusée au centre de la statue était peut-être destinée à recevoir un de ces éléments. Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’un exemple unique de statuaire de cette importance représentant le génie protecteur d’Alexandrie. Zolt Kiss dans Trésors engloutis d’Égypte, Le Seuil, Paris, 2006, avec bibliographie.