Louches en bronze. Le manche est long et droit, terminé par une tête de volatile (canard ou oiseau spatule). Le manche, de section rectangulaire, s’amincit de l’emmanchement à l’extrémité. La fixation du manche est parfois visible : il est soudé au bord du godet qui remonte en rétrécissant. Le godet, cylindrique et à fond globulaire, est pourvu d’un bord légèrement rentrant. La louche (SCA 579) a été réparée à la jonction du cuilleron et du manche par la soudure d’une petite plaque métallique. La louche (SCA 579) est incisée à l’arrière du godet d’un œil-oudjat, tout comme le simpulum du Royal Ontario Museum 906.14.11 et celui du British Museum 64657. Ces louches ou puisettes sont à rapprocher du kyathos grec ou du simpulum romain destiné aux libations lors des banquets, et attesté dans plusieurs collections de musées. Le manche est généralement terminé par un crochet en forme de tête d’oiseau à bec évasé en spatule (spatule, cygne, canard). Des exemplaires comparables sont exposés au Musée égyptien du Caire (CGC 3552, 3561, 3565), au British Museum, au Royal Ontario Museum et au Louvre. Dix d’entre elles, de provenance incertaine, ont été datées par leur éditeur de l’époque ptolémaïque ou romaine. Le plus ancien exemplaire a été découvert à Tanis et date de vers 1000 av. J.-C. La tombe de Psousennès (XXIe dynastie) a en effet livré une louche en argent composée d’un petit récipient auquel est adapté un long crochet prolongé d’une tête de canard (Musée du Caire JE 85909). P. Montet signale des instruments du même genre, en bronze, trouvés à Tanis, dans ce qu’il appelait les maisons d’époque tardive situées à l’intérieur de l’enceinte de Psousennès. Une louche en bronze dont le bout du manche adopte la forme d’une tête de canard recourbée est attestée à Kafr Ammar (Group Tomb 69, XXVe dynastie). Plusieurs exemplaires furent trouvés en Nubie. La fabrication en est attestée en Égypte par l’image qui représente la pesée des vases précieux destinés au temple de Thot à Hermopolis dans la chapelle funéraire de Pétosiris (c. 300 av. J.-C.). L’iconographie montre que cet instrument était encore en usage à l’époque copte. Les louches dont le cuilleron est cylindrique ou en forme de calotte sphérique, avec un manche vertical orné d’une tête de volatile, très semblables à celles d’Aboukir, ont été découvertes à Chypre et, à partir du Ve- IVe siècle av. J.-C., dans tout le monde ancien (Grèce, Italie, Gaule, Asie Mineure, Balkans, région de la mer Noire, etc.). Après un examen rapide des louches connues, il semblerait que celles d’époque romaine et copte se distinguent par un fond de récipient conique et non globulaire comme nous les trouvons à Canope-Héracléion. La profondeur du cuilleron est variable ; elle ne constitue pas forcément un critère de datation. Elle peut simplement correspondre à des mesures de quantités différentes. Ces louches permettaient de puiser un liquide dans récipient profond. Il est probable quelles jouaient un rôle important dans le déroulement des rites de libations de vin lors des fêtes dionysiaques, comme peuvent en témoigner les représentations des vases grecs à figures rouges.David, Fabre, dans Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p. 135, avec bibliographie