Fragment supérieur de situle dotée de deux anneaux de suspension à trous latéraux. Le bord est rond. Une inscription difficilement lisible se déploie sur le pourtour de linstrument. Il pourrait sagir d’une offrande à Isis : «Puisse Isis [donner] vie à Payn[...] justifié de voix. » Selon toute vraisemblance, le récipient a été coulé à la cire perdue, ce qui a permis d’obtenir des parois minces et un goulot relativement étroit. La lèvre du vase et les anneaux de suspension, plus épais que la panse du vase, auraient été coulés lors d’une deuxième opération, puis soudés à la paroi. L’inscription a ensuite été gravée sur la panse du vase. Les hiéroglyphes suivent scrupuleusement le contour de la lèvre. Sur les situles à décor, ce dernier apparaît généralement en relief, réparti sur trois registres principaux que précède au bord supérieur une prière à Isis, exceptionnellement à Osiris. Les situles sont ornementées à l’autre extrémité d’un entourage de pétales de lotus. Parmi les exemples donnés par Aubert et Grenn, la datation d’un tel objet doit se situer entre le VIIe et le IIe siècle av. J.-C., avec une préférence pour une fourchette chronologique comprise entre le IVe et le IIe siècle av. J.-C. Ces vases ovoïdes appartiennent entre tous à l’équipement du temple.Les situles utilisées dans le rituel des cultes divins, et pour les libations funéraires, ont été exhumées en grand nombre des temples d’Edfou, Denderah, Saqqarah mais aussi chez Kha, au Nouvel Empire, objets actuellement au Metropolitan Museum, de Tell el-Amarna, Deir el-Medina, Boucheum, Dra Abou Naga, etc. Apparues au Moyen Empire, elles sont en bronze, plus rarement en or pour les fêtes d’Osiris.La situle devient, avec le sistre, l’accessoire capital du culte isiaque dans le monde gréco-romain. La statue d’Isis du temple de Pompéi porte l’un et l’autre. On la voit entre les mains des prêtres d’Isis, sur une fresque de Pompéi. Son caractère mystique n’apparaît pas au début ; il se dégage plus tard et se précise dans un sens qui n’était peut-être pas aussi marqué à l’origine. Il met en rapport l’eau bien-faisante du Nil et Osiris qui, selon une inscription du temple de Denderah, « crée les grains par l’eau qui est en lui pour faire vivre les hommes ».Selon É. Chassinat, « le rôle de la situle wSb, dans le rite exécuté le 12 Choïak, procède d’une conception mystique comparable. L’assimilation d’Osiris avec leau, principe générateur de vie, en lespèce le Nil, fleuve nourricier de l’Égypte, s’est naturellement étendue au vase qui la contenait [...]. En arrosant de cette eau d’origine divine l’orge née de lui-même - le créateur des grains - et de laquelle il renaîtra en sa forme éternelle, sans cesse renouvelée, on opérait la reconstitution du corps d’Osiris par sa propre substance représentée sous deux espèces ».David Fabre dans Trésors engloutis d’Égypte, Paris, 2006 p. 153, avec bibliographie